Raccordement panneaux solaires : câblage, polarité, MC4, série ou parallèle

Un bon raccordement de panneaux solaires ne se résume pas à clipser des connecteurs. Une chaîne mal dimensionnée, une polarité inversée ou un coupleur MC4 inadapté peuvent faire baisser la production, provoquer des défauts d'isolement, voire des échauffements dangereux. Ce guide pratique, pensé pour les professionnels en France, vous aide à sécuriser et optimiser votre câblage, clarifier les choix série ou parallèle et fiabiliser vos mises en service.
Avant de commencer, sécurité et référentiels
- Travail réservé aux personnes habilitées, consignation côté AC, EPI et gestion du risque chute. Un générateur PV reste sous tension à la lumière.
- Respectez les normes et guides reconnus. Pour les essais et la documentation côté DC, la norme de référence internationale est l'IEC 62446‑1 qui décrit tests de polarité, tensions à vide, courants de court‑circuit et résistance d'isolement. Voir la synthèse proposée par Seaward dans son guide IEC 62446‑1 explained.
- Câbles PV conformes EN 50618, type H1Z2Z2‑K, adaptés au service 90 °C, UV et 1 000 ou 1 500 V DC selon projet. Utilisez des coupe‑circuits et protections DC conformes, ainsi que des parafoudres adaptés au schéma de mise à la terre.
Polarité, comment éviter l'erreur la plus coûteuse
- Avant tout raccordement à l'onduleur, mesurez la polarité et la tension à vide de chaque chaîne, modules exposés à la lumière. Utilisez un multimètre calibré DC, repérez clairement + et −.
- Un marquage durable sur les rallonges et dans la boîte de jonction évite les inversions plus tard. Ne vous fiez jamais uniquement à la couleur des câbles ou aux habitudes d'équipe.
- En présence d'optimiseurs ou de micro‑onduleurs, suivez le protocole du fabricant pour les tests de mise en service.
- Mémo rapide des valeurs utiles à relever et archiver pour chaque string, Voc, Isc, polarité, heure, irradiance approximative, température ambiante, référence des modules.
MC4, bonnes pratiques qui évitent les points chauds
Les connecteurs MC4 sont fiables s'ils sont montés et appariés correctement.
- Ne mélangez pas des connecteurs de marques différentes. Les tolérances et matériaux varient, ce qui augmente le risque d'échauffement et d'arc. Stäubli, inventeur du MC4, rappelle explicitement d'éviter les appariements hétérogènes, voir sa page dédiée aux connecteurs MC4 d'origine.
- Sertissage, utilisez l'outil du fabricant et les cosses adaptées au diamètre réel du conducteur. Contrôlez visuellement la qualité du sertissage et, si possible, la résistance de contact.
- Étanchéité et traction, respectez les couples de serrage et la plage de diamètre de gaine. Orientez les connecteurs vers le bas sur champ pour limiter les infiltrations.
- Déconnexion, utilisez l'outil MC4 adapté, ne tordez pas les demi‑coquilles à la main.
Série ou parallèle, quel schéma de câblage choisir
Principe général :
- En série, les tensions s'additionnent, le courant reste celui d'un module. C'est adapté aux onduleurs string pour entrer dans la fenêtre MPPT avec un courant modéré.
- En parallèle, les courants s'additionnent, la tension reste celle d'un module ou d'une chaîne. Utile pour augmenter l'intensité injectée dans un même MPPT, sous conditions de protection adéquate.
| Critère | Série | Parallèle |
|---|---|---|
| Tension résultante | S'additionne | Constante |
| Courant résultant | Constante | S'additionne |
| Impact de l'ombrage | Le module le plus faible limite la chaîne | Un string peu ombragé peut compenser l'autre, si séparé par MPPT |
| Protection | Généralement sans fusible de string pour 1 chaîne par MPPT | Fusibles ou protections nécessaires dès que plusieurs strings par MPPT |
| Longueur de câble | Courants plus faibles, pertes réduites | Courants plus élevés, attention aux chutes de tension |
Bon réflexe, orientez et inclinez de manière homogène les modules d'une même chaîne. En cas de toitures Est‑Ouest ou de pans hétérogènes, utilisez des MPPT distincts sur l'onduleur, ou des MLPE si l'analyse d'ombrage le justifie. Pour approfondir, voir notre dossier sur l'ombre et ses effets.
Dimensionner la longueur de chaîne pour l'onduleur
Le bon réglage se fait entre deux limites de l'onduleur, la tension DC maximale admissible et la fenêtre MPPT. Il faut aussi tenir compte de la température, la tension à vide augmente au froid, et la tension au point MPP diminue au chaud.
Maximum de modules en série
Pour ne pas dépasser VDC max onduleur au froid :
- Prenez Voc,STC et le coefficient de température de Voc en valeur absolue, par exemple 0,29 %/°C.
- Estimez la température minimale des modules sur site. En résidentiel métropolitain, on retient souvent entre −10 °C et −15 °C selon altitude et climat.
- Voc,mini = Voc,STC × [1 + coef × (25 − T min)].
- N max = VDC max onduleur / Voc,mini.
Minimum de modules en série
Pour rester dans la fenêtre MPPT à chaud :
- Prenez Vmp,STC et son coefficient de température, par exemple 0,40 %/°C.
- Estimez la température maximale des modules. On peut viser 70 °C sur module en été en plein soleil.
- Vmp,max chaud = Vmp,STC × [1 − coef × (T max − 25)].
- N min = Vmppt,min onduleur / Vmp,max chaud.
Exemple chiffré :
- Module 410 Wc, Voc,STC 41,0 V, Vmp,STC 34,0 V, coefficients 0,29 %/°C sur Voc et 0,40 %/°C sur Vmp.
- Onduleur VDC max 600 V, fenêtre MPPT 120 à 500 V.
- T min −10 °C, T max 70 °C.
Calcul :
- Voc,mini = 41,0 × [1 + 0,0029 × (25 − (−10))] = 41,0 × 1,1015 ≈ 45,2 V. N max = 600 / 45,2 ≈ 13, d'où 13 modules en série maximum.
- Vmp,max chaud = 34,0 × [1 − 0,004 × (70 − 25)] = 34,0 × 0,82 ≈ 27,9 V. N min = 120 / 27,9 ≈ 4,3, d'où 5 modules minimum.
Dans ce cas, une chaîne de 10 à 12 modules fonctionnera confortablement dans la fenêtre MPPT sans risquer le dépassement de tension par grand froid. Pour le choix de l'onduleur et du ratio DC/AC, voir notre guide dédié au dimensionnement des onduleurs.
Paralléliser des chaînes, protections et boîtes de jonction
Dès que plusieurs strings identiques partagent un même MPPT, vérifiez le courant de retour possible dans un module en défaut. Si la somme des courants de court‑circuit des autres strings dépasse le courant de série admissible du module, il faut protéger chaque string par fuse, typiquement 10 à 15 A selon la fiche technique.
- Règle pratique, au delà de 2 strings en parallèle par MPPT, la fusibilité devient généralement nécessaire, à confirmer avec le courant de série admissible du module et les recommandations fabricant. Voir aussi les notes techniques de fabricants d'onduleurs, par exemple l'article Fronius sur la protection des modules.
- Utilisez des boîtes de jonction DC avec fusibles gPV, parafoudre type 2 ou 1+2 selon l'exposition, sectionneur DC, et borniers adaptés.
- Les connecteurs en Y de type MC4 ne remplacent pas une boîte équipée de protections. Ils ne sont acceptables que pour des parallélisations simples et très limitées, dans les conditions du fabricant.
Dimensionner la section des câbles DC et maîtriser la chute de tension
Objectif, limiter les pertes et respecter les recommandations de chute de tension, pratique courante, ≤ 1,5 % côté DC et ≤ 2 % côté AC jusqu'au point de livraison. La chute de tension ΔU dépend de la longueur aller‑retour, du courant, de la résistivité du cuivre qui augmente avec la température, et de la section.
Formule utile, ΔU % ≈ 100 × [2 × ρ × L × I] ÷ [S × U], avec ρ ≈ 0,0175 Ω·mm²/m à 20 °C, L la distance unidirectionnelle en m, S la section en mm², U la tension de fonctionnement.
Exemple, une chaîne à 10 A et 400 V, 30 m entre champ et onduleur, câble cuivre 4 mm²,
- Boucle 2L = 60 m. R ≈ 0,0175 × 60 ÷ 4 = 0,2625 Ω. ΔU ≈ 10 × 0,2625 = 2,63 V soit 0,66 %, acceptable. En tenant compte de la température, la chute peut monter vers 0,8 %. Le 4 mm² convient, le 6 mm² apporte une marge supplémentaire sur de longues distances ou des courants plus élevés.
Pour des rappels complets sur les bases de câblage et de chute de tension en courant continu, le manuel Wiring Unlimited de Victron est une ressource utile et accessible, consulter Wiring Unlimited.
Checklist de raccordement sur site
- Avant pose, validez les séries et parallèles retenus avec les fiches modules et onduleur, plan de passage des câbles, sections et protections. Pré‑montez et testez quelques connecteurs MC4.
- Sur le champ, évitez les boucles et torsades, fixez les câbles aux cadres, respectez les rayons de courbure. Orientez les MC4 vers le bas, loin des zones de stagnation d'eau.
- En pied de champ ou combiner, câblez proprement, respectez les couples de serrage, posez les fusibles de string si requis et les parafoudres adaptés au schéma de terre.
- Avant raccordement onduleur, testez chaque string, polarité, Voc, Isc si nécessaire, résistance d'isolement selon IEC 62446‑1, consignez les valeurs.
- Mise en service, raccordez d'abord la partie DC selon procédure fabricant, puis la partie AC, paramétrez le réseau et les sécurités, réalisez les essais fonctionnels.

Raccourci design pour gagner du temps en étude
La préparation d'un câblage panneau solaire optimal se joue dès l'étude, orientation par pan, analyse d'ombrage, choix de l'onduleur multi‑MPPT, sélection de modules compatibles, documentation claire pour le client. C'est précisément ce que facilite Vesta, qui permet de modéliser l'installation en 3D, de choisir les équipements dans une base multi‑constructeurs, d'intégrer les données de consommation et de générer des propositions commerciales personnalisées et compréhensibles. En amont du chantier, vous évitez des re‑travaux et accélérez la prise de décision.
Pour les aspects techniques connexes, consultez aussi,
- Notre guide onduleurs, rappels et dimensionnement
- Notre dossier ombrage, comprendre et atténuer les effets
FAQ
Accélérez vos études et vos ventes
Avec Vesta, modélisez vos projets PV en 3D, comparez les équipements et générez en quelques minutes des propositions commerciales claires et personnalisées. Vous réduisez le temps d'étude, sécurisez vos choix techniques et gagnez en taux de conversion.
Sources utiles :
- Seaward, IEC 62446‑1 explained
- Stäubli, MC4 Solar Connectors
- Victron Energy, Wiring Unlimited
- Fronius, Fusing of photovoltaic modules

